Chapitre IX Liberté chérie

Publié le par regimesettartines.over-blog.net

Ma crise existentielle passée, j’avais beau chercher, je ne trouvais aucun motif pour me plaindre à nouveau. Je décidais d’appeler Muriel pour la prévenir d’une séance grignotage et médisance convenue la veille avec Christophe et Daphné.

 

- Allo

- Salut, répond Muriel en baillant

- Je te dérange, on dirait ?!

- Ben non, je viens de me réveiller. J’ai une question c’est normal si mon poisson rouge fait la planche.

- Non, je ne pense pas. Je passe à l’actualité du jour sans trop faire attention à ma réponse. Déjeuner entre potes vers 13h00 ?

- Ho oui !

- On se rejoint à la terrasse des filles. Et je suis désolée de t’apprendre cette nouvelle mais Maurice, ton poisson est sans doute mort.

- Je vais acheter Maurice II à l’animalerie pour Lili et je vous rejoins après l’avoir déposée chez la nounou.

- Qui ? Maurice…

- Laïsse, je raccroche…dit t-elle avec une voix d’institutrice navrée.

 

Muriel articule son existence entre son travail, ses amis et sa fille. Elle cloisonne scrupuleusement ses trois vies. Je me souviens de la naissance de Lili. Muriel nous a révélé, un soir de fête, sa grossesse comme on annonce une promotion. Pour elle, c’était un nouveau passage accomplit avec succès. Nous ne lui avons jamais demandé qui étais le père. Elle n’a jamais mentionné son nom et on respecte ce choix. Neuf mois ont passé. Le jour de son accouchement, elle nous a conviés tous les trois. Christophe a pleuré en tenant Lili dans ses bras. Daphné n’a pas manqué de critiquer notre système de santé. Moi, j’ai pris conscience que le temps passé et qu’il était temps de changer de vie. Un an plus tard, Stéphane me quittait.

 

Sur le chemin, je fais une halte chez Christophe. Quand il est en province, il se lève très tôt, une habitude comme une autre. Je n’hésite pas à passer à neuf heures du matin. Je sonne et m’annonce. Christophe ouvre la porte massive qui donne sur une cour fleurie. Il habite le rez-de-chaussée d’un hôtel particulier. Son appartement est aussi propre et rangé qu’une couverture de catalogue Ikéa. Tout sent bon la lessive. Cerise sur le cake, Christophe a fait des crêpes. Daphné a dut sentir le truc, elle me précède de quelques minutes dans le salon. On est assis tous les trois autours du bar. Daphné prend la parole.

- Muriel n’est pas là ? Lili est malade ?

- Non, elle nous rejoint. Répond Christophe agacé par le seul fait que Daphné évoque Lili. Je décide de lui répondre à la hauteur du ton qu’il a employé.

- Dis, tu pourrais être aimable quand même.

 

Mais il ne me répond pas et enchaîne directement sur la description détaillée de la coupe pubienne de sa nouvelle aventure : Paula, trente ans, prof de sport. Muriel, subjuguée par le récit de notre ami manque de s’étouffer entre deux bouchées de crêpes. Christophe a visiblement un énorme problème avec les enfants.

 

 

 

Il est plus que l’heure de rejoindre Muriel. Notre point de rendez vous habituelle le samedi midi est un resto en plein centre ville. L’endroit est chic, composé de jolis meubles roses et d’un écran qui passe en boucle des défilés de couturiers avec mannequins porte manteau et robes griffés. Christophe raconte sa nuit, si passionnante à Muriel. Daphné parle de sa relation épineuse avec son colocataire. Muriel, d’habitude si discrète, décide dans l’élan de converser sur son nouvel amant. Florent, un gentil garçon. Elle m’en a parlée, il y a peu prés un mois mais j’étais trop heureuse de lui relater ma rencontre avec Arthur pour denier faire attention à ses paroles. En plus d’être totalement superficielle, je suis complètement égoïste. La nouvelle amourette de Muriel n’est pas une passade. Florent lui a présenté sa famille. Je regarde Daphné et Christophe du coin de l’oeil.

 

- Mais tu l’aimes ce type ?

- Je ne sais pas Laïsse, c’est un peu le même problème que tu as avec Arthur…

Christophe la coupe.

- A la différence prés que Laïsse déblatère sur son papi depuis un bon mois, par contre toi, tu nous caches ta relation depuis quand ?

- Peu importe. Hier soir, on a passé la soirée ensemble, et il a dormi chez moi, et ce matin, il m’a dis…

- Je t’aime, hurle Daphné

-  Arrêtez de me couper ! Il m’a dis je t’aime. Sauf que j’ai fait semblant de ne pas entendre, et quand il m’a demandé si je dormais, j’ai répondu sèchement que oui, vous croyez que j’ai peur de m’engager ?

 

On pouffe de rire. On semble être tout les quatre atteint de la même maladie chronique. La peur de l’engagement ou la privation de liberté. Au choix.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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